8/31/2016

Jouer à creuser

L'air est lourd. D'une densité spongieuse comme la chair d'abricot. Plus d'herbe, quelques brindilles piquantes, des touffes d'épines, des restes de branchages, des crottes sèches, les aiguillles jaunies décrochées par le vent, quelques pierres de castine et puis la terre qui n'est pas vraiment de la terre, un peu trop grise. Sous les arbres il y a moins de moustiques, moins de moucherons. Besoin de prendre l'air. Ce qu'il en reste. Il y a la pelle à côté du tas de déchets, et puis la pierre qui sert de tombe. C'est le seul coin vraiment à l'ombre. Il pose le nourrisson, soulève la pierre plate, saisi la pelle. L'outil s'enfonce profond, la terre est meuble  en dessous, déjà remuée meme si c'était il y a un moment. Il creuse vite et facilement, sans trop savoir pourquoi, par curiosité peut être, ou pour vérifier. L'enfant, à quelques centimètres de lui, joue à reproduire les même gestes avec un baton. Il arrive vite au bout. Sous la terrre il n'y a rien d'autre que de la terre plus dure, plus noire, et puis quelque chose qui ressemble à deux restes d'omoplates. Sueur sur sa nuque. Un sale goût dans la bouche. Un reste de néant. A côté le petit joue toujours à faire semblant de creuser.

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